J’ai toujours été consciente que la singulière identité culturelle et historique du pays a été façonnée par les différentes civilisations du Vietnam. Désireuse d’en savoir plus, je me suis renseignée sur les Cams (que l’on appelle aussi Cham). Mes recherches ont porté leurs fruits et j’ai décidé de vous faire part de mes découvertes.
Les origines lointaines du Campa
Les théories sur la naissance du royaume de Champa (ou Campa) sont quelque peu disparates. Une version raconte que les Cams Vietnam auraient été chassés de la Chine par les Han. Ils ont trouvé refuge dans une région à cheval sur le centre et le sud vietnamien. Le royaume aurait ainsi été fondé à la suite d’une migration par voie terrestre.
Cependant, les analyses linguistiques et génétiques supposent plutôt que les ancêtres des Cham seraient arrivés par la mer. Il s’agirait principalement de navigateurs malayo-polynésiens. Quoique, le langage propre aux Cam présentent davantage de similitudes avec ceux de Sumatra ou encore de Bornéo. Le territoire choisi par ces navigateurs était déjà occupé par les Môn-Khmer, ce qui a naturellement favorisé la création d’une civilisation aux racines pluriculturelles.
D’après ce que j’ai découvert, les Cham étaient d’excellents commerçants et déployaient également des talents de pirates. La position avantageuse du royaume sur les routes commerciales jouait par ailleurs en leur faveur. C’est sans compter sur les abondantes ressources favorables à la prospérité économique des Cams.
La civilisation connaît ainsi son âge d’or entre le VIIIe et le Xe siècle de notre ère.
Le déclin du royaume de Campa
Malheureusement pour les Cams civilisation, leur position dominante sur les échanges maritimes se retournent contre eux. La rivalité s’installe entre les Cham, les Khmer et les voisins du Dai Viet.
Les antagonismes ont progressivement amputé le territoire mais c’est l’assaut dirigé par l’empereur Lê Thánh Tông qui anéantit complètement le Champa en 1471. Du vaste territoire florissant, il ne restait plus qu’une modeste enclave qui correspond à l’actuelle ville de Nha Trang. Les tours de Po Nagar font partie des rares vestiges hérités des Cams.
Cams, une civilisation méconnue et pourtant si fascinante
Les Cams n’ont pas totalement disparu puisqu’ils font encore partie des 54 groupes ethniques vietnamiens. Ils sont à peu près 160 000 individus, répartis entre Binh Thuan et Ninh Thuan, mais également dans certaines localités du sud comme Phú Yên et Tây Ninh. Ils portent fièrement leur héritage mêlant shivaïsme, hindouisme, bouddhisme et vishnouisme.
En allant à leur rencontre, j’ai constaté que l’organisation sociale est différente en fonction de la région d’origine. Les Cams du sud adoptent une structure patriarcale. L’homme est naturellement le chef de famille. Il lègue ses biens à son fils aîné et les membres de la famille de la même lignée sont enterrés au même endroit que le père. Les Cham du nord penchent vers un système matriarcal. On se marie sur l’initiative de la femme, c’est la fille aînée qui hérite du domaine familial et la lignée directe partage le même caveau familial que leur mère.
Vous vous rendrez toutefois compte que la meilleure façon de vraiment cerner la culture Cham est tout simplement d’immerger dans leurs traditions. La fête du Katé, célébrée vers fin septembre ou début octobre (durant le septième mois lunaire des Cams), vous fera découvrir la beauté de la musique Cham. Les danses tiennent également un rôle important durant les festivités. Elles sont exécutées avec infiniment de grâce afin de demander aux génies d’accorder paix, prospérité, santé et abondance aux Cham, en particulier aux agriculteurs.
Les Cham constituent une ethnie qui intrigue au plus haut point. Je ne peux que vous conseiller d’aller à leur rencontre et de vous laisser fasciner par leur singularité.