L’impressionnant tissu culturel et les multiples festivités Vietnam font partie de ces particularités qui me rappellent pourquoi j’ai abandonné ma casquette de globe-trotteuse pour m’ancrer définitivement. J’ai eu l’honneur de célébrer la fête du cotonnier aux côtés du peuple Muong, une ethnie minoritaire au grand cœur.
Une expérience folklorique à souhait
Pour ceux qui ne connaissent pas encore très bien mon pays d’adoption, c’est à Thanh Hóa que l’on rencontre les Muong. Les nuits de pleine lune du premier, du troisième et du septième mois lunaires y sont l’occasion de s’adonner aux jeux des fleurs. C’est le festival Pôồn Pôông, géré de main de maître par les femmes de l’ethnie. J’ai compris que c’est la chamane (Au May comme on l’appelle) qui prend les rennes.
En fin de journée, avant que le soleil ne disparaisse à l’horizon, l’Au May récite des prières pour évoquer les esprits et le roi du ciel qui sont respectueusement conviés aux festivités. Elle est assistée par d’autres femmes qui se lancent dans des danses rythmées par les chants traditionnels qui animeront le village toute la nuit.
Peu avant l’aube, la fête réunit les Muong autour d’une grande table aménagée au plus près d’un arbre soigneusement décoré. On m’a expliqué que c’est le grand cotonnier. Les villageois entament alors une procession pour rendre hommage à cette plante. Une nouvelle fois, des prières résonnent dans le lieu de culte. Les chants se font plus intenses pour manifester un accueil chaleureux exclusivement destiné au roi du ciel. Personnellement, j’y ai décelé un mélange de respect et de reconnaissance, peut-être de l’adoration. Cet attachement aux valeurs n’a fait que renforcer mon admiration pour les Muong.
La fête se poursuit à travers une succession de jeux, tous sur le thème du coton. Ce sont essentiellement des jeux de rôle qui retracent les scènes de vie propre à l’ethnie.
Enfin, les villageois cueillent chacun une fleur du grand cotonnier avant de s’avancer vers l’Au May. Guidée par les esprits, la chamane prédit l’avenir de chaque personne qui se présente devant elle.
Une expérience humaine dans toute son authenticité
Les plus belles rencontres sont, à mon sens, celles qui nous permettent de tisser de nouveaux liens, de partager un même vécu dans le respect des différences. Je n’avais aucun a priori et le peuple Muong qui m’a accueillie m’ont considérée comme l’une des leurs. Cette relation teintée de chaleur m’a permis de vivre pleinement cette fameuse fête traditionnelle.
Je savais déjà que cette ethnie exceptionnelle possède des coutumes auxquelles elle s’accroche farouchement. Pour le coup, j’ai partagé leur art de vivre. J’ai ainsi constaté que le repas convivial partagé tout au long de la nuit résulte d’une cueillette à travers champs et forêts. Les légumes et les céréales sont en effet la base de l’alimentation des villageois. Ils chassent mais ce n’est pas vraiment pour le plaisir. Les animaux sont généralement abattus afin de protéger les récoltes ou, plus exceptionnellement, en prévision des repas de fête. J’avoue qu’ils ont une façon bien à eux de cuisiner la viande et le poisson et pour être tout à fait honnête, je ne m’attendais pas à une dégustation aussi savoureuse.
Les familles sont patriarcales. Femmes et enfants doivent se plier à l’autorité du chef de famille qui dirige les siens dans le respect des valeurs ancestrales. Les hommes se tiennent pourtant en retrait durant le festival Pôồn Poong, se laissant diriger par l’Au May et ses assistantes.
Le moins que je puisse dire c’est que l’immersion s’est avérée édifiante en tous points et que j’ai hâte de faire plus ample connaissance avec les autres ethnies.